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Nastasia-B 20 mai 2023 Signaler ce contenuPage de la critique Voici le roman qui inaugure le célébrissime cycle littéraire des Rougon-Macquart. En nous livrant quelques-uns des secrets du " livret de famille ", Ãmile Zola nous fait constater, en le feuilletant, que toutes les perversions sont en germe, inscrites ici ou là dans les gènes des différents membres du clan : ambition démesurée, avidité, cupidité, cruauté, orgueil, couardise, jalousie, folie, etc. Le thème en est le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte en 1852, alors président de la république, qui va sonner le glas de cette seconde république pour y installer son propre trône d'empereur... Cependant, derrière les coeurs amers ou défaillants de la famille, on voit tout de même poindre quelques lueurs d'humanité, chez l'infortuné Silvère Mouret par exemple, porte drapeau d'une jeunesse qui veut croire en un idéal ou chez Pascal Rougon, le fameux Docteur Pascal (l'opus 20 de la série et qui la clôt). Pour l'heure, le rôle principal est tenu par Pierre Rougon et sa merveilleuse épouse (je vous la conseille, elle est vraiment aux petits oignons), prêts à vendre n'importe qui ou n'importe quoi pour arriver à la fortune, et qui utiliseront les troubles du coup d'état pour se poser en sauveurs de Plassans (alias Aix en Provence, dont l'auteur est originaire). Même si ce roman, n'est pas, à mon sens, le meilleur, loin s'en faut, du grand cycle de Zola, il est cependant tout à la fois plaisant et indispensable, car il permet de bien comprendre les origines, et du coup d'état, et de la famille qui va nous intéresser pendant encore dix-neuf romans. Il est, de plus, intéressant (et tout à l'honneur de son auteur) de noter que ce roman réaliste ultra critique vis-Ã-vis de l'empire fut écrit alors que celui-ci n'avait pas encore expiré à Sedan. C'est donc avec toute mon humble considération et grand plaisir que j'accorde à Ãmile Zola un satisfecit pour cette première pierre à l'édifice majeur de sa carrière littéraire. N'oubliez pas néanmoins que toutes ces menues considérations ne sont que mon avis, rien de plus qu'un coup de feu au loin, c'est-Ã-dire, pas grand-chose. P. S. : je remercie la personne (Johnny ou Ginette) qui a gentiment supprimé la critique que j'avais écrite il y a environ dix ans, sans m'avertir, évidemment, et surtout sans vérifier que les fusions abusives n'étaient pas de mon fait. La mécanique est toujours la même : acte 1, Kiki-la-fusion fusionne  ça c'est son rôle  des éditions qui n'ont rien à voir  ça normalement ce n'est pas son rôle  et, fatalement, des doublons apparaissent. Acte 2, Johnny-le-nettoyeur ou Ginette-la-soufflette viennent faire le ménage dans les doublons et tranchent lÃ-dedans à grands coups de machette, sans demander conseil et avec un discernement digne d'éloges : moralité, mes critiques s'envolent périodiquement dans les oubliettes de Babelio. Alors merci Kiki-la-fusion, sans oublier Johnny ou Ginette. Commenter  JÂapprécie         1656
...et les dérives qui iront avec.
lyoko 09 novembre 2017 Signaler ce contenuPage de la critique C'est drôle comme on oublie vite ce qui est si agréable... Mais quel bonheur de replonger le nez dans les Rougon Macquart. L'écriture de Zola que j'avais oublié si belle dans ses descriptions et si cynique dans certains de ses commentaires. Et puis je trouve que la saison se porte à lire de tels textes. Installé bien chaudement au fond du canapé avec une tasse de thé et un bon vieux roman, il n'y a rien de tel pour combattre le froid hivernal. Zola a travers sa saga nous démontre les tournants que certains gènes héréditaires peuvent prendre. Les descriptions physiques ou morales des personnages sont extrêmement travaillés et sont jubilatoires pour le lecteur. Cette ambiguité d'écriture de l'auteur montre tout le talent de celui-ci. Tout cela pour dire que je n'ai aucunement regretté de re-plonger dans les textes de Zola, que j'aimais déjà beaucoup dans mon jeune temps, mais dont j'avais oublié la plume agréable et acérée. Commenter  JÂapprécie         10720
J'avais pris comme bonne résolution de relire des classique au 1er janvier 2017. Même si les bonnes résolutions sont faites pour ne pas être tenues c'est à l'aube 2018 que je me décide enfin.
C'est également sans compter sur la critique politique de l'époque, le coup d'état de Napoléon III, et bien évidemment des personnalités qui retournent leurs vestes aussi vite que le courant politique au pouvoir. Zola est sans concession , il est parfois franc et brutal.
Quand aux sentiments humains qui sont terriblement bien décrits une fois de plus, l'auteur est cette fois ci doux et soyeux.
isajulia 10 mai 2013 De Zola je n'avais lu qu'Au bonheur des dames et Nana j'ai donc voulu combler mes lacunes en m'attaquant à la saga entière des Rougon-Macquart. Avec en toile de fond le coup d'Etat de 1851 qui marquera la naissance du Second Empire, Zola nous présente les protagonistes que l'on retrouvera dans les romans suivants. J'aimerai m'attarder un peu sur les personnages, certains étant au coude à coude dans le vice. Autant vous dire que j'ai détesté pas mal de protagonistes dans cette affaire, plus d'une fois mon sang n'a fait qu'un tour et je me suis révoltée contre ce panier de crabes qui ne pense qu'à servir ses intérêts personnels. Heureusement dans l'ombre il y a toujours la lumière et j'ai ressenti un réel coup de coeur pour d'autres. Silvère et Miette par exemple, ces deux enfants m'ont éblouie par leur pureté et leur innocence, j'ai versé une larme quand j'ai vu ce qu'ils sont devenus. Ils sont tellement mignons qu'ils apportent une note de fraîcheur dans toute cette cruauté. J'ai également adoré le docteur Pascal, tellement humain,si différent du reste de sa famille et la Tante Dide(Adélaide), j'ai eu pitié pour cette pauvre vieille qui est traitée comme une paria par ses propres enfants... Je m'attendais à du très bon j'ai carrément trouvé du grandiose. le livre m'a plu, avec mon tempérament passionné je n'ai eu aucun mal à rentrer dans l'histoire même si je redoutais un peu l'aspect politique, finalement c'est passé comme une lettre à la poste. Tout est beau, même les descriptions qui peuvent paraître longues sont très agréables à lire. Je reste toujours admirative du génie de Zola et j'ai vraiment hâte de commencer les autres volumes. La Fortune des Rougon est un excellent roman préparatoire qui pose l'ambiance et nous permet d'envisager à quoi l'on peut s'attendre pour la suite. Pas un seul instant je n'ai eu le sentiment de lire un classique, je me suis vraiment régalée. A lire! Commenter  JÂapprécie         930
Fortement motivée par les contributeurs de Babelio, me voilà lancée dans ce premier tome qu'est La Fortune des Rougon.
La première et seconde place reviennent à Pierre Rougon et sa femme Félicité. Ces deux affreux occupent le haut du podium par leur fourberie, leur méchanceté et leur esprit de lucre. Ces vautours, relativement méprisés à Plassans, tueraient père et mère pour acquérir gloire et fortune et devenir les plus gros poissons de la mare. Vous les aimez déj� Attendez de voir qui occupe la troisième place.
Antoine Macquart, le demi-frère de Pierre est lui aussi un magnifique spécimen du genre. Ancien soldat, fainéant comme une couleuvre, a lui aussi tout pour plaire. Vouant une rancoeur sans bornes à Pierre qui a honteusement dépouillé Adélaide, leur mère. le monsieur a la dent longue et veut nager dans l'argent. N'arrivant pas à faire plier Rougon, il va se noyer dans l'alcool et vivre grassement sur le dos de sa femme et de ses enfants. Jaloux, vindicatif et profiteur il a toutes les qualités et complotera a sa manière pour avoir sa part du gâteau.
tolbiac 14 avril 2013 Signaler ce contenuPage de la critique Zola ! Zola ! On peut passer à côté comme on rate le train. On ne sait pas ce qu'on aurait pu vivre arrivé à destination. On a raté le train, donc on ne se rend pas compte. On continue sa vie comme si de rien n'était et puis un jour, on se dit ; « tient ce train, si je tentais de le prendre ? ». On se pointe à la gare, on regarde les horaires, on se met sur le quai. Et quand on monte à bord, on n'en renvient pasÂ
J'aimerais vous dire ce que j'ai ressenti. Parler « vrai », mais le train de nuit « Zola », ces wagons couchettes, sa buvette, son arrivé en gare au petit matin, ses petites mains, les passagers, sa ligne de métro, sa ligne B, ses stations tout est lÃ, sans que je sache dire autre chose que tentez le voyage. Montez à bord, par n'importe quelle station. Montez à bord. La ligne n'est pas désaffectée ! Commenter  JÂapprécie         7420
Pourquoi il ne signait pas d'un « Z » comme Zorro ? Que suis-je bête ! Zorro n'a commencé sa croisade qu'en 1919 et Zola était mort depuis dix sept ansÂ
Pourquoi comparer à un vengeur masqué L'auteur du fameux « J'accuse » ? Il avançait à découvert lui ! Il défendait ses idées en les trempant dans l'encre et sa cape avait la forme d'un roman.
Zola ! Zola !
Mais il a été de tant de combats. Je ne vais pas refaire sa bio, c'est pas la peineÂ
Zolaroo..
Zola ! Zola !
Tout a déjà été dit. Il y a ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pasÂ
Quand j'ai ouvert la porte du compartiment du train « la fortune des rougon » j'ai senti que le voyage allait être particulier. J'entendais le tak tak particulier à chaque jointure des rails, ça venait bercer ma contemplation. J'ai vu à travers la fenêtre du wagon que je partais vers une destination que je ne connaissais que d'après les autres.
Il n'y a rien de mieux que d'aller sur place, se rendre compte par soit même. Pendant toute la première partie du voyage, j'ai été subjugué par ce que je voyais.
Pourquoi on ne m'avait pas un peu forcé la main ? Pourquoi n'avais-je pas pris ce train plus tôt ?
La peur ? C'est vrai que le voyage semblait long, fastidieux. J'avais eu peur de m'ennuyer. Tout ça, le nom des villes étranges, « L'assommoir », la bête humaine » ne m'inspirait que de vifs élans de fuites. Même le nom de la compagnie de train « Zola » me semblait poussiéreux et j'avais toujours cru que la ligne était désaffectée. Puis honnêtement, je n'avais pas trop envie d'aller vers des contrées qui me semblaient lointaine.
Première surprise, dans le train, il y avait du monde. J'ai rencontré les Rougon, les Macquart. Avec tous, j'ai eu une conversation. Ils parlaient, buvaient, se restauraient et j'écoutaisÂ
Il y avait de l'ambiance dans les wagons, j'vous dit pasÂ
Puis il y eu le terminus de la ligne « Fortune des Rougon ». Je me lève, je fais quoi ? Je rentre chez moi ou je continue ? Je quitte le train de province, j'vais à la Capitale. C'est décidé, je vais aller au bout du voyage. Je me renseigne et je prends un ticket pour la ligne Rougon-Marcquart, ligne B, station ÂLa Curée et c'est décidé, je vais rester là jusqu'au terminus de la ligne, quand je sors à la Station Âdocteur Pascal des centaines d'heures plus tard, que je me perds dans les couloirs, je ne marche plus très droit. Je vois double.
J'avais déjà pas mal voyagé en France et à l'étranger. J'avais aimé la fameuse compagnie transatlantique « Victor Hugo », avec ces paquebots majestueux qui vous en mettent plein la vue. J'avais le souvenir de traversées impressionnantes de volupté, ou tout s'orchestrait avec minutie.
Le voyage en première classe à bord du navire amiral « Les misérables » m'avait assommé. Les passagers, les décorations intérieures, le capitaine Javert, les conteurs et les poètes de la troisième classe m'avaient emballé. J'avais croisé accoudé au bastingage une dénommée Cosette ainsi qu'un homme planqué dans son ombre. Un certain Jean Valjean. C'est resté le genre de voyage qui vous laisse exsangue, sans voix.
Là avec la ligne B des Rougon-Macquart. Je découvre un autre plaisir.
La compagnie des chemins de fer « Zola » trace sa voix dans le marbre du quotidien. Les ouvriers sont lÃ, sur la voie et ils attendent que le train passe. On entend les femmes parler des magasins qui s'ouvrent, on entend des hommes parler d'Alcool, des soucis d'éducation, du travail, des difficultés à vivre. On espère, on croit, on vit. Bordel. On vit, on craint pour ces hommes et ces femmes.
Et moi qui croyais la ligne désaffecté.
Sacré démentit que ce voyage en profondeur dans les sous-sols de maintes vies croisées, aperçus.
Là où les paquebots de la compagnie « Hugo » font dans le grandiose, dans le génie des courbes, dans le magnifique décor des maux, les wagons « Zola » vous emmener au plus près de l'humain. Avec ses maladresses, avec ses fulgurances, avec les peines, les joies, les réussites et des déceptions.
A chaque station, des hommes et des femmes montent dans la rame. On entend les conversations des uns et des autres, on est interpelés par untel, on écoute.
Certains, apprêtés, bourgeois, ont réussi, ils sont en bonnes compagnies et on attrape au milieu des murmures, quelques mots.
Le long de la ligne tout n'est pas égal, tout n'emporte pas l'adhésion. Il arrive de vouloir remonter à la surface, à certaines stations, l'arrêt semble un peu long, on s'impatiente. On prend sur soit, on tient le coup, on reste assis, à sa place.
Jusqu'au bout la ligne B du RER Rougon-Macquart surprendra.
Gwen21 29 avril 2013 Signaler ce contenuPage de la critique Zola, on aime ou on n'aime pas ; le mieux restant encore de se forger sa propre opinion. En effet, soit Zola vous séduira et vous deviendrez vite addicted, soit Zola échouera et sa lecture vous paraîtra toujours une contrainte. Ce positionnement dans les extrêmes caractérise bien toute l'oeuvre de l'écrivain dont le style se caractérise par sa flamboyance voire sa violence, physique ou psychologique. Avec Zola, les personnages sont peu nuancés sans pour autant être manichéens ; Zola est un excellent peintre naturaliste de la société humaine, il fouille ses personnages qui restent fidèles toute leur existence à ce qu'ils étaient prédestinés à être de par leur héritage génétique. « La Fortune des Rougon » est la Genèse des Rougon-Macquart, une épopée littéraire qui compte 20 romans ; chacun pouvant être lu de façon désolidarisée. Cependant, et selon les habitudes de chaque lecteur, on peut choisir de commencer par le commencementÂ
Enfin, il y a cette humanité peinte sans fard, noire, tellement noire qu'elle ressemble à une nuit sans étoile dans lequel, telles des comètes lumineuses et porteuses d'espoir, vont furtivement passer quelques êtres purs et innocents, tragiquement destinés à disparaître aussi vite qu'ils seront apparus, laissant aux lecteurs qui les auront contemplés le souvenir d'un émerveillement fugace et attachant... Cette humanité crue qui caractérise si bien les 20 tomes de cette oeuvre colossale que sont les Rougon-Macquart. Commenter  JÂapprécie         542
Au commencementÂ
c'est-Ã-dire en 1851, il y a la ville fictive de Plassans (assimilable à Aix-en-Provence où Zola a grandi) ; il y a non pas Ãve mais Adélaïde Fouque, la racine, la souche d'où sortiront tous les autres protagonistes zoliens, répartis en trois familles, les Rougon, les Mouret et les Macquart ; il y a aussi et surtout les intérêts personnels qui prévalent sur les intérêts insurrectionnels du coup d'Etat du 2 décembre.
Eve-Yeshe 25 juillet 2018 Signaler ce contenuPage de la critique Dans ce premier volume, on fait la connaissance des protagonistes, leurs liens de parenté, leur évolution, alors que la République est en train de trembler, le Second Empire pointant le bout de son nez. le terrain de jeu est une ville de province imaginaire, Plassans, avec ses quartiers bien séparés les uns des autres, ses portesÂ
« Il y a une vingtaine d'années, grâce sans doute au manque de communications, aucune ville n'avait mieux conservé le caractère dévot et aristocratique des anciennes cités provençales. Elle avait, et a d'ailleurs encore aujourd'hui, tout un quartier de grands hôtels bâtis sous Louis XIV et sous Louis XV, une douzaine d'églises, des maisons de jésuites et de capucins, un nombre considérable de couvents. La distinction des classes y est restée longtemps tranchée par la division des quartiers. Plassans en compte trois, qui forment chacun comme un bourg particulier et complet, ayant ses églises, ses promenades, ses moeurs, ses horizons ». P 52 Emile Zola a choisi de nous présenter d'abord deux jeunes gens, Miette âgée de treize ans et son amoureux Silvère, qui se rencontrent à la tombée de la nuit pour ne pas être surpris et se découvrent. Silvère est un républicain convaincu ; il s'est instruit tout seul en lisant ce qui lui tombait sous la main et donc mal digéré selon les termes de l'auteur. Ils vont suivre le mouvement de la révolte des pauvres pour protéger la République et sont touchants, notamment Miette, enveloppée dans sa cape rouge et brandissant le drapeau. Ensuite, l'auteur revient sur les différents protagonistes en nous décrivant la mère Adelaïde, ou tante Dide qui a eu un enfant de son premier mari : Pierre Rougon et deux autres enfants de son amant : Antoine et Ursule MacquartÂ
On a ainsi la branche « dégénérée », pauvre, ignorante, les Macquart et celle qui va s'enrichir de manière plus ou moins brillante : les RougonÂ
. J'ai aimé la manière dont Zola construit ce roman, un premier chapitre qui raconte un évènement et les autres qui évoquent les personnages et leurs vies, sur fond de magouilles pour faire le bon choix et tirer les marrons du feu, opportunistes le plus souvent, retournant leur veste au bon moment estimant ne pas avoir la vie qu'ils mériteraient. « La révolution de 1848 trouva donc tous les Rougon sur le qui-vive, exaspérés par leur mauvaise chance et disposés à violer la fortune, s'ils la rencontraient jamais au détour d'un sentier. C'était une famille de bandits à l'affût, prêts à détrousser les évènements. Eugène surveillait Paris, Aristide rêvait d'égorger Plassans, le père et la mère, les lus âpres peut-être, comptaient travailler pour leur compte et profiter en outre de la besogne de leur fils; Pascal, seul, cet amant discret de la science, menait la belle vie indifférente d'un amoureux, dans sa petite maison claire de la ville neuve. » P 99 J'avoue une préférence pour Félicité, la femme de Pierre Rougon, qui tire les ficelles de façon magistrale, avec ses réceptions tape à l'oeil dans son salon jaune, tout en lorgnant sur l'appartement d'en face qu'elle rêve de conquérir. de même j'ai pris beaucoup de plaisir à détester Antoine Macquart qui représente ce qu'il y a de plus pourri dans la branche. Adelaïde n'est pas mal non plus, avec ses crises de folie (hystérie, bipolaire ?) qui ouvre une porte durant la nuit pour pouvoir rejoindre son amant. J'ai lu, il y a fort longtemps, « L'Assommoir » et « Germinal » mais il manquait des éléments, ce livre permet de situer tout le monde. Une belle écriture, parfois trop d'emphase, mais le contexte historique est tellement bien utilisé (cela permet de réviser !). Zola a voulu faire pour le Second Empire, ce que Balzac avait réalisé pour la Restauration et la Monarchie de Juillet, il ne s'en est jamais caché mais « Ne pas faire comme Balzac. S'attacher moins aux personnages qu'aux groupes, aux milieux sociauxÂ
Et il n'y a pas d'ouvriers chez Balzac » écrit-il. Je préfère l'écriture De Balzac, même si digressions, car il est moins chirurgical. A force de vouloir étayer sa théorie, Zola est trop dans l'opposition entre le bien et le mal, il oppose les personnages de manière trop tranchée et soulève moins d'émotions chez moi. Il n'en reste pas moins que sa férocité est jubilatoire pour le lecteur. En route pour « La Curée »! Challenge XIXe siècle Commenter  JÂapprécie         534
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JonathanLecuyer 03 juin 2024 Signaler ce contenuPage de la critique Il y à peu de temps, je me suis décidé à lire l'assommoir, comme pour réparer une outrecuidance de jeunesse où j'avais refusé de le lire à l'écoleÂ
j'étais peu inspiré à l'époque, on n'est pas les plus malins quand on est jeuneÂ! Ma fille devait à son tour le lire pour le lycée, un signe du destin évidemmentÂ; je l'ai donc lu. Et bien, j'ai regretté, non pas ma lecture, mais ma non-lecture de l'époque. Complètement emballé, je me suis promis de lire un tome des Rougon-macquart minimum par an, j'ai donc commencé par Nana pour faire suite à l'assommoir, toujours pas déçu. Un 5 étoiles également, pas forcément pour les mêmes raisons que les autres tomes, mais qu'est-ce que c'est bon du Zola. Dans ce tome-ci, j'ai trouvé qu'il usait moins des descriptions très fournies que certains lui reprochent, on voit tout de suite que l'auteur est là pour poser les bases d'une saga qui se veut épique, aux ramifications importantes. Dans la fortune des Rougon, j'ai paradoxalement trouvé quelques longueurs au début, puis par la suite, le roman prends son envol et nous livre ses personnages, ils se construisent et détruisent aux fils des pages. Je ne sais pas comment expliquer ça, mais c'est une lecture sur un faux rythme qui au final te pousse à tourner les pages pour en découvrir plus. C'est donc par Adélaïde que la dynastie va naître, à la naissance du second empire sur un coup d'état. Les personnages présents auront des rôles, des ambitions bien diverses en relation avec ce changement de régime, d'un côté les républicains et de l'autre ceux qui se nomment les réactionnaires, mais surtout beaucoup d'opportunistes. Zola nous plonge dans les us et coutumes de l'époque sans trop en faire, vous me direz que c'est assez simple pour un contemporain de l'époque décrite, pas de caricature juste de l'observation. Je n'ai pas envie de rentrer dans les détails de l'intrigue à proprement dite, parce que ce serait retirer une bonne partie du sel de ce tome, sachez juste que ce sont les fondations d'une saga qui durera 20 tomes ou bons nombres des personnages rencontrés durant cette lecture seront des acteurs majeurs dans certains des suivants. On prend en plus quelques petits rappels historiques ce qui est toujours agréable. Commenter  JÂapprécie         5220
Je me suis donc dit qu'il serait de bon ton de commencer par le début, et me voilà avec la fortune des Rougon.
Mais ça reste Zola, et c'est jamais un truc tout lisse, ou tout roule dans le meilleur des mondes. On a notre lot de destin brisé, de sang et de larmes. Puis la qualité de la plume t'immerge très facilement, je lui trouve un talent pour des fois en une phrase, réussir à condenser le passé, le présent, les sentiments d'un personnage avec des mots et des adjectifs qui ne laissent pas de place au hasard, qui quand on prend le temps de disséquer se révèle tellement poignant.
Kittiwake 08 décembre 2018 Signaler ce contenuPage de la critique Même un chemin de mille lieues commence par un pas : la saga des Rougon-Macquart s'attaque donc par le premier tome, La Fortune des bougon. Et c'est d'emblée un coup de coeur. L'histoire de cette dynastie démarre dans un contexte politique troublé, , alors que des insurgés, sans gilets jaunes (la matière et la couleur n'a pas encore été inventée), et sans rond-point à bloquer, se lancent sur les routes armés de fourches et de pétoires, afin de s'opposer au coup d'état du 2 décembre 1851, alors que Louis Napoléon a décidé de renverser la république. C'est aussi l'histoire d'un amour juvénile attendrissant, bien que voué à une fin funeste. On ne reverra pas Miette et Silvère, victimes des émeutes. Tout l'art de l'écrivain, se retrouve sans ce premier opus de la saga : portraits à la fois précis et romantique des personnages, descriptions sublimes des paysages, analyse fine du contexte, contribuent au plaisir de la lecture. Tout est en place pour suivre la destinée des Rougon, des Macquart et des Mouret. Commenter  JÂapprécie         526
Pierre Rougon, fils d'Adélaïde, jeune femme handicapée par une épilepsie sévère, toise de tout son mépris ses deux frères et soeurs, nés après la mort de son père, du braconnier Macquart. Ses origines modestes n'empêchent pas Pierre de voir grand,. Sa roublardise et son opportunisme le conduiront à une ascension sociale inespérée, bien aidé par les événements historiques en cours.
michfred 17 juin 2016 Signaler ce contenuPage de la critique Quand ils lisent un polar, certains lecteurs trop curieux ou trop angoissés commencent ...par la fin, se privant par lÃ-même de l'incertitude qui fait tout le charme du thriller... Il est plus rare, dans une lecture, - voire complètement idiot- de finir par le début !! Je dois avouer que c'est un peu ce qui m'est arrivé avec La Fortune des Rougon, le premier volume de la célèbre saga de Zola, jamais lu jusqu'ici, alors que j'ai dévoré force Rougon-Macquart depuis des lustres. Je ne sais quel (inquiétant? ) désir de remettre un peu d'ordre dans mes lectures et de combler quelques béantes lacunes me pousse ces derniers temps à reprendre cette Histoire d'une Famille au Second Empire avec plus de méthode. Le premier volume des Rougon, je l'ai enfin lu! Eh bien, non seulement j'ai beaucoup apprécié mais j'ai trouvé à cette lecture postposée d'un début de saga, un plaisir intense : un peu comme si je regardais dans le cerveau fertile et puissant d'un grand créateur !! C'est quelque chose d'extraordinaire de reconnaître en germe et en projet tout ce qu'on sait avoir été réalisé , et avec quelle maestria ! Dans ce premier volume, comme dans une mandorle médiévale, est déjà contenu tout ce qui fera la matière des autres volumes des Rougon : déjà se dessine la lutte impitoyable entre ces Atrides modernes, les Rougon et les Macquart, qui verra s'étriper les deux « branches », la légitime et l'illégitime, issues de la pauvre « tante » Dide . Déjà court, comme une lézarde pernicieuse, cette « fêlure héréditaire », cette lascivité charnelle qui sera le tendon d'Achille de plus d'un et d'une descendante de la pauvre vieille folle, de Gervaise à Nana, de Jacques à Claude. Déjà les rêveurs, de Silvère à Florent, s'opposent aux pragmatiques, de Pierre à Octave. Dans La Fortune des Rougon, Zola met tout en place : sa « famille » tentaculaire, ses rivalités premières, ses tares fondamentales, ses pôles géographiques -Plassans, le point de départ, Paris, le point d'arrivée .. ou de chute. Il dresse son plan de bataille, choisit les pions de sa stratégie et expérimente sa méthode, incarnée ici discrètement par la silhouette du Docteur Pascal, humaniste mais observateur impartial et détaché, accessible à la pitié pour les faibles et les éclopés du système mais scientifique matérialiste. Quant à l'Histoire avec un grand H Â
et à l'histoire elle-même, Zola fait coup double : un coup d'état dans un coup d'état ! Magistrale mise en abyme ! Zola raconte, dans sa version provinciale (et même provençale, Plassans, c'est Aix, bien sûr!), le coup d'état du 2 décembre 1851, tout en installant, dans sa fiction, un autre coup d'état : celui de Pierre Rougon, paysan inculte et matois, pauvre et dévoré d'ambition, bonapartiste d'occasion, qui met sur la touche son demi-frère, le « rouge » Macquart, brute avinée et dépensière, et prend, par ruse et manigances, la place enviée de Receveur et la rosette ( pas le saucisson, la décoration!) pour bons et loyaux services à la faction bonapartiste. Pierre sera propulsé au premier rang des honneurs, et du pouvoir, tandis que ses fils, Eugène et Aristide, prépare, pour l'un, et suit, pour l'autre, sa fulgurante ascension. Pas de triomphe, sans victimes. A toute ascension, son sacrifice propitiatoire : ici ce sont deux enfants, deux innocents, la toute jeune fille d'un réprouvé et le petit-fils de la folle : Miette et Silvère. Leur amour enfantin et pur se fond avec la brève insurrection républicaine, vite réprimée, qui tente de mettre en échec les « putschistes » de décembre. Miette, porte-drapeau républicain, enroulée dans sa houppelande rouge, sera une petite Marseillaise à la Rude, bouleversante de jeunesse et de courage. Silvère, un pathétique fusillé annonçant déjà ceux du Mur des FédérésÂ
En pensant à eux, je songe à cette chanson populaire de la Commune , quelque 20 ans après cette répression du soulèvement républicain de 1851, et que je n'écoute jamais sans un cruel pincement au coeur : On l'a tuée à coups de chassepot, Sans ce déchirant assassinat, programmé dès les premières heures du récit et comme écrit sur le front des deux amoureux naïfs et idéalistes  encore un côté tragédie grecque, la Némésis modernisée a toujours le doigt aussi lourd- pas de sacre completÂ
Et le lecteur assiste, dégoûté, à la Conjuration des Imbéciles, à l'apothéose des Crapules et au massacre des Innocents. Quant à la pire crapule, elle a ici les traits d'une petite vieille, vive, intelligente, agitée et sèche comme une cigale méditerranéenne : un Machiavel en jupons, dévorée d'ambition, sans pitié ni scrupule, et d'autant plus acharnée à vaincre qu'elle semble écrasée par le guignon  la tragédie grecque, toujours- et que personne ne la prend au sérieux, pas même son époux : Félicité Rougon, femme de Pierre, le Napoléon III de la famille ! Un sacré morceau : c'est elle, dans l'ombre, qui fait la Fortune des Rougon !!Â
Amours sacrifiées, ambitions personnelles déchaînées, contexte historique tendu et mouvementé : tous les ingrédients y sont qui, pour les lecteurs méthodiques , font de ce premier volume des Rougon, un programme alléchant pour les lectures qui suiventÂ
et qui, pour les autres, plus désordonnés, démontrent l' étonnant pouvoir d'une imagination romanesque féconde, déjà toute pleine de projets et servie par le prodigieux talent démiurgique de leur auteur ! Commenter  JÂapprécie         487
à coup de mitrailleuse,
Et roulée avec son drapeau,
dans la terre argileuse,
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forteÂ
MpiMlire 29 juin 2024 Signaler ce contenuPage de la critique Je m'étais promis qu'après la lecture d'A la recherche du temps perdu de Marcel Proust, je m'attaquerais à la gigantesque et célébrissime saga des Rougon-Macquart d'Emile Zola. J'avais lu en secondaire L'Assommoir qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, mais il en est parfois ainsi des lectures imposées, je n'étais ou pas prête, ou pas libre, ou pas mûre, ou les trois. Aujourd'hui, à mon âge et avec ce premier tome c'est une toute autre impression qui se dégage, celle d'un intense et durable plaisir. M'y voilà donc, emportée avec enthousiasme dans ce tumulteux roman alternant douceur et sensorialité, violence, trahisons et manipulations. La plume de Zola est limpide dans ses descriptions de Plassans, ville provençale cloîtrée dans ses remparts, lieu central de la fortune des Rougon, au point de l'apercevoir avec la précision de milliards de pixels, ou tel un piéton qui se balade dans un tableau d'époque vivant. Quant aux personnages, ses descriptions sont féroces, implacables, ou attendries, douces. Avec un réalisme extrême dans les caractères, Zola ébauche l'arbre généalogique des Rougon et des Macquart. A l'origine, une jeune fille, Adélaïde Fouque née en 1768, se marie à un paysan nommé Rougon et donne naissance à un fils, Pierre Rougon en 1788; précocement veuve, elle tombe tout aussi précocement amoureuse du contrebandier Macquart qui lui donnera deux enfants naturels : Antoine et Ursule Macquart. Nous voilà donc face aux deux lignées que l'oeil perçant et la plume vive d'Emile Zola vont observer, étudier, disséquer à travers toute une époque, le Second Empire français et même au-delÃ. Il va nous dépeindre le plus scientifiquement possible leurs schémas d'hérédité (c'est pas moi qui le dis, c'est Zola). Partant de la couardise qui côtoie le courage, de la roublardise qui enfume l'honnêteté, de l'alcoolisme qui noie la sobriété, de la paresse qui endort le courage, de l'opportunisme qui surpasse les convictions, Emile Zola nous dessine dans ce premier tome une exquise et terrible esquisse d'une fresque romanesque réjouissante. Ce premier tome est grandiose, j'ai tellement aimé que j'ai enchaîné avec le deuxième, La curée, que j'apprécie tout autant. Commenter  JÂapprécie         4727
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